Comment mieux vivre l'éco-anxiété grâce à l'hypnose et la sophrologie ?
Quand les changements climatiques impactent la santé mentale
Il n’existe pas à ce jour de définition de l’éco-anxiété qui fasse l’objet d’un consensus, notamment d’un point de vue médical. Selon Alice Desbiolles, Médecin de santé publique et épidémiologiste, l’éco-anxiété se définit comme une sensibilité générée par une perception des désordres environnementaux et leurs conséquences sur les sociétés humaines. Elle est la perception d’un avenir compromis, d’un monde en péril.
Il existe également dans le même domaine le terme de "solastalgie" inventé par le philosophe australien Glenn Albrecht. Ce néologisme se compose du terme anglais "solace" qui signifie "réconfor". Le mot "algie" signifie "douleur" en français. La solastalgie renvoie donc à la douleur de perdre son habitat, son refuge, son lieu de réconfort. Elle est plutôt rétrospective, proche de la nostalgie et tournée vers le passé, alors que l’éco-anxiété est plus prospective et tournée vers l’avenir.
Comment se manifeste l’éco-anxiété ou la solastalgie?
Le phénomène peut se manifester sous différentes formes, que ce soit de manière psychosomatique, émotionnelle ou existentielle. Il peut prendre la forme d’un sentiment d’impuissance, de perte de contrôle ou de perte de sens, de peur de l’avenir, de tristesse, de regret, de culpabilité, de troubles anxieux allant d’une anxiété chronique à des attaques de panique, d'insomnies, de ruminations, de questionnement autour du projet d’enfant.
Qui est concerné?
Une étude dans "The Journal of Climate change and Health" a identifié que les personnes les plus vulnérables à l’éco-anxiété se définissent principalement par leur âge ou par leur connexion particulière à la nature, et non par une anxiété exacerbée. Il semblerait que plus une personne est sensibilisée aux enjeux climatiques et à son environnement, comme les scientifiques, les jeunes, ou les agriculteurs ayant un contact fort avec la terre, plus elle a de probabilité de développer une forme d’éco-anxiété. Selon d’autres travaux menés à Sciences Po Grenoble les "éco-anxieux" sont une population majoritairement jeune, urbaine, féminine et éduquée, mais sans trouble d’anxiété particulier
C’est grave Docteur?
Il est ainsi important de souligner qu’il ne s’agit ni d’un syndrome, ni d’un diagnostic psychiatrique officiel et que l’éco-anxiété ne figure pas dans le DSM-5, outil majeur de classification des troubles mentaux. Pour la plupart des chercheurs, il est donc important de préciser qu’il ne s’agit pas d’une maladie mentale, mais d’une anxiété qui serait en fait une réponse rationnelle et saine face à la gravité des problématiques environnementales. Il conviendrait donc de ne pas "pathologiser" l’éco-anxiété.
"On ne naît pas éco-anxieux, on le devient", souligne Alice Desbiolles. Il s’agit d’un cheminement rationnel au regard de la situation environnementale et qui traduit l’instinct de survie humain à un niveau systémique. Cette anxiété est le signe d’un regard lucide sur le monde. Elle révèle chez les individus qui la contactent un ressenti que l’on pourrait qualifier d’assez sain. La sonnette d’alarme a été tirée par de nombreux scientifiques, climatologues, organisations : la planète et ses habitants – humains et non humains – sont en danger. Quoi de plus normal, par conséquent que de ressentir de l’inquiétude, de s’interroger par rapport à ces mises en garde, collectivement et individuellement, répétées ?
Comment y faire face ? Lâcher prise, sans renoncer
Il existe des solutions pour, sinon se libérer de l’éco-anxiété, au moins l’atténuer.
Le lâcher prise, sans renoncer, paraît primordial. Apprendre à se déconnecter des informations anxiogènes, sans toutefois renoncer à une certaine forme d’engagement dans son quotidien. La reconnexion avec la nature, avec soi-même et le présent sont également bénéfiques afin de se rappeler de la beauté de notre environnement et de garder espoir ; maintenir le lien avec les autres humains afin de mettre l’accent sur la sécurité relationnelle, ne pas "hyper-anticiper", ni "s’hyper-culpabiliser", c’est-à-dire endosser la responsabilité de ce sur quoi on ne peut pas agir en tant qu’individu. L’éco-anxiété ou la solastalgie peuvent être positives quand elles incitent l’individu à réfléchir, à se mettre en mouvement, à agir pour être aligné avec ses valeurs. Cela peut mener à faire le choix de nouveaux modes de vie et à développer une nouvelle philosophie de vie avec lesquels on se sentira plus en accord. Dans le fond, quand on ressent de l'éco-anxiété et qu'on l'écoute, cela donne un super-pouvoir qui permet l'action.
Quand consulter?
Ce questionnement autour de notre rapport au monde, à l’environnement et à l’avenir semble donc normal et sain à condition d’en faire quelque chose et de ne pas s’enfermer dans une attitude anxiogène qui fige et réduit ou empêche la mise en mouvement.
Il faut consulter un professionnel de la santé mentale quand l’expression de l’éco-anxiété ou de la solastalgie se traduit par des symptômes qui perturbent notablement la vie quotidienne, quand les émotions deviennent trop envahissantes et débordent, quand on se sent dépassé, quand la souffrance morale engendrée est trop grande. Le Professeur Antoine Pelissolo et la Docteure Célie Massini indiquent que certaines personnes éco-anxieuses rapportent des attaques de panique, angoisse, insomnies, pensées obsessionnelles, troubles alimentaires (anorexie, hyperphagie), émotions négatives (peur, tristesse, impuissance, désespoir, frustration, colère, paralysie).
D’ailleurs, pour répondre à cette angoisse, une branche de la psychologie a émergé : l’éco-psychologie ou "climate psychology" aux États-Unis. Des psychologues, psychothérapeutes, sophrologues, hypnothérapeutes, etc... tendent à se spécialiser sur ces questions.
La Sophrologie et l'Hypnose peuvent vous aider
L’Hypnose et la Sophrologie peuvent vous aider à gérer anxiété, peur et stress à vous reconnecter à vos valeurs, à sortir des situations dans lesquelles vous vous sentez enfermé.e ou bloqué.e, à retrouver la sérénité, à vous remettre en mouvement et à agir…
Sources et ressources
- Ecological grief and anxiety: the start of a healthy response to climate change? (Etude de The Lancet 2020)
- "L’éco-anxiété. Vivre sereinement dans un monde abîmé" du Dr. Alice Desbiolles (Ed. Fayard)
- " Les émotions de la Terre » de Glenn Albrecht (Ed. Les liens qui libèrent)
- "Les émotions du dérèglement climatique" de Pr Antoine Pelissolo et Dr Célie Massini (Ed Flammarion)
- " (Le Centre régional d’information des Nations Unies (UNRIC) Éco-anxiété : quand les changements climatiques impactent la santé mentale"
- " de Glenn Albrecht (Australasian Psychiatry 2007)The Distress Caused by Environmental Change"
- Charline Schmerber, Praticienne en psychothérapie : nombreuses ressources sur son site
- "Eco-anxiété : analyse d'une angoisse contemporaine" de la Fondation Jean Jaurès
- "Solastalgie, éco-anxiété... Les émotions de la crise écologique" (France Culture 21 fév. 2020 )
- "Eco-anxiété, une maladie mentale, vraiment ?" (Inserm 12 janv. 2022)
- "Eco-anxiété, la détresse liée aux changements climatiques" (Anxiete.fr)
- L’OBservatoire des VEcus du CollapseOBVECO
- « Mental health and our changing climate: impacts, implications and guidance » (American Psychological Association, 03/2017)
- Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)